Les différentes formes d’organisation économique et sociale
9. Revenus primaires et revenus de transfert :
Revenus primaires : rémunération des salariés (salaires + cotisations sociales) + revenus du patrimoine (dividendes + intérêts + loyers) + revenus de l’entreprise individuelle.
Revenus de transfert : prestations sociales au titre de la famille, la vieillesse, la santé, l’emploi.
10. Equilibre de marché et équilibre de circuit :
L’équilibre de marché s’opère à travers les prix ce qui suppose leur flexibilité ; logique néo-classique. L’équilibre de circuit s’opère à travers les quantités ; logique keynésienne.
11. Cosmos et taxis chez Hayek :
Les Grecs avaient établi une distinction entre l'ordre naturel (Cosmos) et l'ordre artificiel (Taxis).
Cosmos : désigne un ordre formé indépendamment de la volonté humaine, sans qu’on l’ait planifié ou construit, soit qu’il était déjà là ou qu’il s’est formé sans qu’on en ait conscience. C’est un ordre qui n’a pas de but, qui ne répond pas à un besoin ; c’est un ordre endogène, qui trouve en lui-même son moteur. Les Grecs appliquaient principalement cette expression aux phénomènes naturels (ex : un organisme en biologie).
Taxis : désigne un ordre délibérément construit par l’homme selon un dessein préétabli, le plus souvent au moyen d’un plan. C’est un ordre qui a une finalité, qui répond à un but.
Plusieurs institutions et phénomènes issus de l’action humaine ne répondent pas à la définition de la taxis, de l’ordre artificiel. Il existerait donc, entre les deux ordres, un 3ème type d’ordre, l’ordre spontané. C’est le résultat de l’action humaine sans être pour autant le fruit d’un dessein humain, sans avoir été conçu et planifié par un individu ou un groupe d’individus en vue de servir des fins particulières. Il attribue à Mandeville (1705) la paternité du concept d’ordre spontané avec la fable des abeilles : cet auteur affirme qu’un ordre social peut naître de l’interaction de pulsions égoïstes, non coordonnées (vices privés, vertus publiques). La même idée sera analysée par Smith avec la parabole de la main invisible : la société est un ordre spontané.
Telles sont les grandes institutions sociales : le langage, la morale, le droit, la monnaie, le marché. Aucun esprit humain n'a consciemment planifié ces institutions, qui sont le résultat d'une longue évolution historique et qu'on ne peut supprimer par un acte volontaire sans risquer le retour à la barbarie. Cette évolution se fait selon un mécanisme de sélection, d'essais et d'erreurs, de disparition des structures inefficaces, qui n'est pas sans ressemblance avec la théorie darwinienne de l'évolution.
La société est un ordre spontané qui contient en son sein des ordres spontanés plus spécifiques et des groupes spécifiques relevant de la notion de taxis (famille, entreprises, institutions politiques).
Le marché est, de l'avis de Hayek, une institution fondamentale non seulement de la société moderne, mais de la civilisation. C'est un ordre spontané, résultat non planifié de l'action humaine, fruit d'une évolution plusieurs fois millénaire. À l'origine de cette évolution: le membre d'une tribu primitive qui a déposé à la frontière de son territoire un produit dont avait besoin un membre d'une autre communauté et qui trouve, le lendemain, son produit disparu mais remplacé par un autre dont il manquait lui-même. Cette parabole illustre le mécanisme de développement des ordres spontanés. C'est par expérience, par essais et erreurs, que s'impose graduellement le mécanisme le plus efficace pour l'organisation de la production matérielle, et donc pour la genèse de la croissance et du progrès économiques.
Hayek s’oppose ici au rationalisme constructiviste, théorie selon laquelle le marché, la monnaie, etc. sont des créations de la raison humaine. Cela implique que ce qui a été construit peut être détruit ou remplacé (cf. Marx).
12. La subsidiarité :
Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. Il va de pair avec le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d'une petite entité, l'échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.
C'est donc le souci de veiller à ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l'être avec autant d'efficacité à une échelle plus faible, c'est-à-dire la recherche du niveau pertinent d'action publique.
La signification du mot latin d'origine (subsidiarii= troupe de réserve, subsidium= réserve / recours / appuis) reflète bien ce double mouvement, à la fois de non-intervention (subsidiarité) et de capacité d'intervention (suppléance).
La subsidiarité peut être :
-
descendante : délégation ou attribution de pouvoirs vers un échelon plus petit, on parle alors de dévolution ou décentralisation.
-
ascendante : attribution de pouvoirs vers une entité plus vaste, on parle alors de fédération ou, entre pays, de supranationalité.
Trouvant son origine dans la doctrine sociale de l'Eglise catholique, cette notion est devenue l'un des mots d'ordre de l'Union européenne.