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L'ECONOMIE EN PREPA HEC
Bienvenue sur le Site Internet de
                   Joël Hermet
Vous trouverez ici des éléments de cours sur la croissance          :
- la théorie keynésienne de la croissance et la question de sa stabilité
- la théorie néo-classique de la croissance et la question de son origine
- les faits stylisés de Kaldor
- le rôle du commerce international dans les théories de la croissance


          
          Pendant longtemps la théorie économique a expliqué la croissance et le développement (qu'elle ne savait pas distinguer d'ailleurs) à partir de deux variables macro-économiques : le capital investi et l'importance de la population. La plupart des politiques nationales, mais aussi des aides internationales ont donc orienté leurs efforts vers l'investissement massif, faisant de la croissance le seul produit du capital investi par tête d'habitant. De plus, au prétexte (fallacieux) que les investisseurs privés étaient défaillants dans les pays pauvres, on a confié la charge du développement aux capitaux publics. Mais, comme le fait remarquer ironiquement Armen Alchian, « Si l'Etat est capable de créer de la croissance quand elle faiblit, pourquoi ne fait-on pas appel à lui en permanence, et pourquoi les pays socialistes qui ont misé sur l'Etat pour avoir de la croissance se sont-ils ruinés ? ».
 
                
Aujourd'hui on a découvert - après quelques décennies perdues - que la solution à la pauvreté n'était pas de ce côté-là. Des pays ont englouti des milliards de dollars d'aide publique internationale sans progresser. Par contraste, des pays sans ressources naturelles ni énergie, comme la Corée du Sud ou Taïwan, ont été capables d'atteindre en moins d'une génération le niveau de performance et de revenu des pays les plus anciennement développés.
 
          Les économistes ont découvert deux moteurs essentiels du développement économique. Il s'agit d'une part du " capital humain ", un concept imaginé par Milton FRIEDMAN, et développé notamment par Gary BECKER en ce qui concerne l'éducation et la famille dans les pays du Tiers Monde. La qualité des hommes, leur niveau d'instruction et de qualification, leur ardeur au travail, leur esprit d'équipe permettent d'aller plus loin et plus vite dans le progrès économique. Encore faut-il évidemment que ce capital puisse se constituer et, une fois constitué, s'exprimer.
          
          Le rôle déterminant de l'éducation, et notamment de l'éducation familiale, a été mis en évidence dans les pays en croissance. Ces pays sont ceux où l'on investit beaucoup dans l'enfant. Il faut enfin, et non le moindre, que le capital humain puisse s'exprimer dans l'innovation, dans l'esprit d'entreprise, et que le puissant stimulant du profit et de la promotion sociale existe réellement. Par contraste, il existe de nombreux pays ayant une élite de grande qualité mais qui la condamnent à s'expatrier parce que le système politique et juridique ne laisse aucune place à l'initiative ni à la réussite personnelle.

          Ce qui nous améne logiquement au deuxième moteur de la croissance et du développement : les institutions. Il s'agit notamment de l'Etat de droit, du respect des libertés élémentaires, notamment la liberté d'entreprendre et de commercer, la stabilité des pprix, l'esprit de concurrence, le respect des contrats, l'indépendance de la justice, le respect du droit de propriété. Le rôle des institutions dans la croissance a été notamment analysé par Daron ACEMOGLU du MIT.

          Douglass NORTH, prix Nobel d'économie 1993, insiste particulièrement sur le droit de propriété. Selon ce représentant de la Nouvelle Histoire économique, la croissance dépend de l'aptitude d'une société à définir des arrangements institutionnels : règles, codes de conduite, types de comportements. Ces institutions sont efficaces si elles permettent de mettre en place une structure d'incitations. Le point crucial ici est la définition et la garantie des droits de propriété privés. Cf. le phénomène des enclosures en Angleterre. Si la révolution industrielle s'est faite en premier en Angleterre, c'est en raison de la révolution du droit qui s'y est produite auparavant. Cf. le texte d'Henri Lepage.
          La croissance est due à la lente gestation d'un système stable de droit de propriété et non pas à un accident technologique (invention de la machine à vapeur par exemple). NORTH réalise une révolution conceptuelle : l'accumulation du capital, les économies d'échelle, les innovations ne sont pas les facteurs de la croissance mais la croissance elle-même.

          Une société de libertés n'est en rien une jungle soumise à la loi du plus fort, elle requiert au contraire des institutions de nature à instaurer un ordre social stable. Les institutions permettent de réduire au minimum les immanquables erreurs que nous pouvons faire dans nos anticipations sur le comportement des autres. A leur tour, de bonnes institutions sont mieux comprises et respectées par les individus, et les comportements s'en trouvent améliorés. Elles apportent ainsi la confiance indispensable aux bonnes relations entre les individus. C'est faute d'institutions de qualité que certains pays anciennement communistes ont versé dans l'anarchie, la violence et la misère. Le paradoxe est que l'on a passé ces fléaux au débit du marché, du capitalisme, voire même de la liberté. Alain PEYREFITTE a montré son importance dans La société de confiance (1995)

          Son livre approfondit les idées déjà esquissées en 1976 dans Le Mal français sur le tiers facteur immatériel à la source de tout processus cumulatif de développement. Si l'on se situe dans le schéma que ROSTOW a vulgarisé dans Les étapes de la croissance économique, il existe entre le stade de la société traditionnelle et celui du décollage une phase intermédiaire au cours de laquelle se rassemblent les conditions préalables au démarrage. Pour Alain PEYREFITTE, la condition essentielle ne se trouve pas dans les deux facteurs capital et travail, mais dans l'évolution des mentalités qui, loin d'en découler, en est à l'origine. Le ressort du développement, c'est la constitution d'une société de confiance, confiance que l'État accorde à l'initiative individuelle, et surtout confiance que les individus accordent à l'État, se reconnaissent entre eux et se font à eux-mêmes.

          Contrairement à la société de défiance gagnant-perdant, "société propre à la lutte des classes (...), la société de confiance est une société en expansion gagnant-gagnant, société de solidarité, de projet commun, d'ouverture, d'échange, de communication". C'est l'établissement d'un tel état d'esprit général qui constitue le tiers facteur immatériel indispensable au décollage. Alain PEYREFITTE propose de revisiter l'histoire de la chrétienté occidentale et montre que le développement en Europe trouve sa source dans ce qu'il appelle un " éthos de confiance " qui a bousculé des tabous traditionnels et favorisé l'innovation, la mobilité, la compétition, l'initiative rationnelle et responsable.