[./aeh-presentation.html]
[./aeh-commerce_international.html]
[./aeh-finance_internationale.html]
[./aeh-desequilibres.html]
[./aeh-politique_economique.html]
[./aeh-changement_social.html]
[./aeh-ped.html]
[./revisions-presentation.html]
[./revisions-cadre_general.html]
[./revisions-revolution_industrielle.html]
[./revisions-croissance.html]
[./revision-fluctuations_et_crises.html]
[./revisions-financement_de_l27economie.html]
[./revisions-etat.html]
[./page_en_travaux.html]
[./microeconomie-presentation.html]
[./microeconomie-cours.html]
[./microeconomie-td.html]
[./microeconomie-bastiat.html]
[./microeconomie-corrections.html]
[./auteurs-precurseurs.html]
[./auteurs-les_classiques.html]
[./auteurs-les_neoclassiques.html]
[./auteurs-marx.html]
[./page_en_travaux.html]
[./auteurs-friedman.html]
[./auteurs-les_autrichiens.html]
[./auteurs-public_choice.html]
[./page_en_travaux.html]
[./page_en_travaux.html]
[./fiches_de_lecture.html]
[./17alhome.html]
[./actualite.html]
[./dissertations-acces_libre.html]
[./sujets.html]
[./17alform.html]
[./exposes.html]
[./programme.html]
[./auteurs-public_choice.html]
[./kholles_programme.html]
[Web Creator] [LMSOFT]
L'ECONOMIE EN PREPA HEC
Bienvenue sur le Site Internet de
                   Joël Hermet

L'école du Public Choice


Analyse comparée du rôle de l'Etat en Russie et au Japon du milieu du XIXè siècle à 1914

Vers 1850 ces 2 pays vivent sous un régime féodal et leur industrie est faible.
Les années 1860 voient de profonds changements voir le jour : en 1861 tsar Alexandre II abolit le servage en Russie ; en 1868, l'empereur Mutsu-Hito accède au pouvoir au Japon, met fin au shogunat et lance l'ère Meiji, littéralement celle du gouvernement éclairé.
Gerschenkron a montré que dans ces deux pays, où l'industrialisation s'est faite tardivement par rapport à la Grande Bretagne, le rôle de l'Etat a été déterminant, à la fois comme substitut et complément au marché. Pourtant, derrière les similitudes se cachent de profondes différences.
Nous analyserons cela à propos de quatre thèmes : l'agriculture, le secteur public, l'appel à l'étranger et le rôle de la concurrence.

1) L'agriculture
* Point commun : ponction fiscale sur les paysans.
Pour Gerschenkron, la pression fiscale sur les paysans a permis d'accroitre l'investissement public de stabiliser la monnaie. L'Etat a ainsi recours à l'épargne forcée prélevée sur la population agricole qui représente la majeure partie de la population.
En Russie, cette ponction s'est opérée par la vente des terres aux paysans après l'abolition du servage et la réforme agraire en 1861. Le paysan doit verser, pour acquérir la terre, une redevance élevée au seigneur (qui transite par l'Etat).
Au Japon, en 1872 le gouvernement distribue des titres de propriété aux propriétaires qui ont les moyens d'acquérir une exploitation : la plupart des fermiers n'en ont pas les moyens et continuent à verser une lourde redevance aux nouveaux propriétaires. A partir de 1873 les propriétaires fonciers doivent verser un impôt de 3% sur la valeur de la terre ce qui représentait près du 1/3 de la valeur de la récolte. Indirectement les petits paysans procurent des ressources à l'Etat. Ce système fournit les ¾ des recettes fiscales de l'Etat.

* Différence : routine versus stimulation
Russie : même après la réforme agraire de 1861, la distribution des terres entre paysans et le contrôle des travaux sont entièrement confiés au mir, c'est-à-dire la communauté villageoise. En outre, les travaux de toutes les familles doivent se faire au même moment afin de laisser en jachère les terres le plus longtemps possible. Dans ces conditions, on en vient à paralyser toute initiative individuelle et institutionnaliser la routine.
1906 : Stolypin fait une nouvelle réforme agraire qui aboutit à la suppression du mir et à l'extinction complète des dettes qui restent à la charge des paysans. De 1907 à 1915, 2 500 000 paysans sont devenus propriétaires individuels de leur ferme. 
Japon : Le gouvernement contribue à la hausse de la productivité agricole en envoyant des experts étudier les méthodes étrangères, en fondant des écoles, en envoyant des instructeurs dans les campagnes. Il donne l'impulsion pour irriguer et utiliser les engrais.

2) Rôle du secteur public :
* Point commun :
L'Etat a été le promoteur de la révolution industrielle, il va intervenir comme investisseur.
En Russie, dans le chemin de fer, les banques, le sucre, le bois, la vente de vodka. Chemin de fer : en 1887, sur 30 000 km de voies, l'Etat en possédait 3 300. Il contrôlait la plupart des compagnies privées en étant actionnaire ou en accordant des subventions. Selon Gerschenkron, la main d'œuvre est indisciplinée et au rendement faible => le gouvernement oriente les investissements vers la sidérurgie et la fabrication de machines, substituant le facteur capital au facteur travail déficient.
Au Japon : véritable capitalisme d'Etat entre 1868 et 1880 : l'Etat fonde des entreprises dans tous les secteurs (textile, verre, ciment, papier, machines outils, fonderie, chantiers navals, mines, chemin de fer, télégraphe),),
Dans les deux pays, l'Etat subventionne nombre d'entreprises privées.

* Différence :
Après 1882, le gouvernement vend une partie de ses entreprises à l'initiative privée à des prix relativement bas pour attirer les offreurs. Ainsi prit naissance une puissante oligarchie d'affaires qui a favorisé la concentration économique dans les Zaibatsus.
Au Japon, le gouvernement a développé l'éducation (instruction primaire obligatoire).
La bourgeoisie japonaise sut mieux tirer profit de l'effondrement du système féodal alors que
l'initiative privée a été plus faible en Russie
En Russie, l'industrie lourde a été privilégiée.
  

3) L'appel à l'étranger :
* Point commun :
Gerschenkron : appel aux technologies européennes et américaines.
Russie : dans l'industrie mécanique, l'Etat a envoyé des techniciens en Angleterre et a invité des anglais à venir construire des machines à vapeur en Russie.
Japon : le gouvernement invite des techniciens européens (527 étrangers étaient employés par le gouvernement central en 1875), envoie des experts à l'étranger pour apprendre les techniques occidentales, importe des machines étrangères, fonde des écoles professionnelles.
En 1872, la première ligne de chemin de fer est construite entre Tokyo et Yokohama par des ingénieurs anglais et avec des capitaux anglais, mais les suivantes seront japonaises dans la fabrication et le financement. Dans la soie, pour pallier la faible qualité, il fait venir des machines italiennes et françaises.

* Différences :
Au Japon, l'esprit d'entreprise et la faculté d'adaptation des techniques étrangères ont été plus répandues au Japon, l'étranger ne s'est pas substitué à l'initiative nationale, le recours au capital étranger est moins fréquent.
En Russie, faible esprit d'innovation. Les plus grandes entreprises ont été fondées par des entrepreneurs et des capitaux étrangers. Vers 1913 la moitié du capital des sociétés était étranger ; 72% dans le chemin de fer. La France était en tête des pays investisseurs (emprunts russes). Les Français créèrent les charbonnages et la sidérurgie, les Anglais les tissages, les Allemands la chimie et l'industrie électrique.
Ex : l'Anglais Ludwig Knoop, anglais dans l'industrie du coton (filage), l'Ecossais Baird dans la métallurgie, l'Allemand Stieglitz dans la banque. L'Anglais John Hughes, inventeur d'un plaque de blindage, met en service en 1872 des hauts fourneaux dans le bassin du Donetz. Le gouvernement lui donna le terrain, lui accorda un prêt, lui garantit des commandes de rails de chemin de fer et lui concède la construction d'une voie ferrée. Nobel exploita le pétrole de la Caspienne.

4) Le degré de concurrence :
* Concurrence externe :
Japon : Jusqu'au milieu du XIXème siècle, le pays est fermé et sans mobilité sociale. En 1854, sous la pression américaine, un traité est signé entre la Japon et les USA : 2 ports sont ouverts au commerce américain. 5 autres le seront dans les années suivantes.
En 1864, sous la pression encore, le gouvernement s'engage à le pas fixer de droits de douane supérieurs à 5% ad valorem, jusqu'en 1899. Cela oblige les japonais à être compétitifs.
Russie : politique libérale avant 1877, protectionniste ensuite. Tarif Mendelev en 1891 pour attirer les firmes étrangères ; hausse des droits de douane sur les produits sidérurgiques, et en particulier sur les rails, en 1884 et 1887. Afin de consolider cette protection, le gouvernement prend l'engagement en 1886 de n'accorder aucune réduction de tarifs douaniers sur les produits sidérurgiques pendant 12 ans.
Faible concurrence étrangère. Les producteurs russes bénéficient d'un quasi monopole sur le marché domestique.

* Concurrence interne :
La Russie  connaît un degré de concurrence interne plus faible que le Japon. En Russie, la pénurie d'entrepreneurs a entraîné une forte concentration des entreprises et la formation de cartels géants. En 1902 un cartel des industries métallurgiques est fondé, nommé Prodameta.  Dès 1850, l'industrie russe était la plus concentrée du monde : 50 à 60 salariés par usine contre une dizaine en Angleterre et 2,4 en France. Les entreprises de plus de 1 000 salariés employaient les ¾ de la main d'œuvre.

Bilan :
Les deux pays ont en commun d'avoir amorcé leur industrialisation, visible nettement dès 1890, avec plus de succès pour le Japon. D'ailleurs le japon bat la Russie lors de la guerre de 1905 à propos de la Mandchourie. La modernisation du Japon se poursuivra jusqu'à la seconde Guerre Mondiale. Au contraire, en Russie les tensions croissantes aboutiront à la révolution de 1917.

  
 
PIB
PIB par habitant
Russie
1820
  37 873
   751
1870
  83 646
1 023
1913
232 351
1 488
Japon
1820
  21 831
   -
1870
  25 505
   741
1913
  66 865
1 334
Source : Angus Maddison.


  
Le théorème d’équivalence de Ricardo
            L’argument a été présenté par David Ricardo dans le chapitre 17 de son livre The Principles of Political Economy and Taxation paru en 1821.
Le gouvernement décide d’une réduction de 50% des impôts pour cette année.  Un ménage qui payait 20 000 F d’impôts se retrouve avec 10 000 F de revenu supplémentaire.
A dépenses gouvernementales identiques, l’Etat décide de financer cette réduction d’impôts sur l’année par un emprunt. Cet emprunt consiste en des obligations arrivant à échéance dans un an et rapportant un taux d’intérêt réel monétaire de 5%. Au bout d’un an l’Etat doit rembourser capital et intérêt. Il doit donc lever un impôt l’année suivante équivalent au montant de l’emprunt et des intérêts versés.
            Si le ménage anticipe correctement que les dépenses du gouvernement n’ont pas diminuée du montant de la réduction d’impôts, il sait que l’an prochain le gouvernement va lever un impôt pour payer les emprunts! Il conserve donc les 10 000 F de la réduction d’impôts, les placent sur le marché des fonds prêtables, il achète les obligations émises par l’Etat, et reçoit un an plus tard 10 500 F qui correspondront très exactement au supplément d’impôts de cette année là. Cet exemple simple illustre le théorème de Ricardo.

Des individus rationnels comprennent qu’une réduction d’impôt financée par des emprunts est équivalent à des impôts futurs en hausse. Ils annulent l’impact attendu de cette réduction d’impôt sur la consommation présente en épargnant la somme correspondante et en la  capitalisant en prévision des hausses futures d’impôt.
            
L’intérêt du théorème réside dans les hypothèses implicites qui le rendent valide. Si celles-ci ne tiennent pas, le théorème ne tient pas. Les hypothèses implicites principales sont : horizon temporel illimité,  pas de différence entre taux d’intérêt débiteur et créditeur, pas de transfert net de richesse entre individus.
            En fait l’horizon illimité n’est pas une hypothèse cruciale. Il est clair que si vous anticipez mourir avant que l’emprunt soit remboursé et que vous êtes sans descendant vous préférez l’emprunt à l’impôt. L’horizon limité met en échec le théorème. Cependant si vous avez des enfants ce sont eux qui vont payer l’impôt futur servant à rembourser l’emprunt. Si les individus sont altruistes à l’égard de leurs propres enfants le théorème tient toujours. L’altruisme à l’égard des générations futures est une manière d’avoir un horizon temporel illimité.
     Imaginez maintenant que vous bénéficiez d’une réduction d’impôts et que vous sachiez que cette réduction a pour contrepartie une hausse des emprunts et non pas une baisse des dépenses gouvernementales! Vous émigrez vers un Etat moins dépensiers ou qui n’impose pas les citoyens. Imaginez que vous n’ayez pas d’enfants et que les enfants des autres vous laissent totalement indifférent. Ou encore imaginez que vous n’aimiez pas vos enfants. Au lieu d’économiser la réduction d’impôt pour la transmettre à vos enfants ou à ceux des autres vous la consommez entièrement!  Ces effets distributifs sont non négligeables et peuvent mettre en échec le théorème d’équivalence de Ricardo.
  Supposez que le taux d’intérêt prêteur diverge du taux d’intérêt emprunteur. Que se passe-t-il?  Le bien être de la génération qui bénéficie de la réduction d’impôt diminue parce qu’elle manifestait dans l’exemple pris une préférence pour le futur alors que la réduction d’impôt augmente son revenu réel en termes de consommation présente. Avec une divergence des taux prêteurs et emprunteurs, les générations présentes préfèreront la réduction d’impôt s’ils ont une préférence pour le présent et au contraire une augmentation d’impôt s’ils ont une préférence pour le futur!
             On peut imaginer aussi qu’un grand nombre de contribuables sont soumis à une illusion fiscale. Ils sont irrationnels. 

            Enfin  l’impôt considéré dans notre exemple est  un impôt par tête, un impôt qui affecte le revenu non salarial ou  la richesse. S’il s’agit d’un impôt sur le revenu tiré du travail, cela  affecte l’arbitrage loisir consommation au cours du temps. Une réduction d’impôt sur la génération présente augmente le salaire réel et incite à une augmentation du temps de travail et de la consommation présente par rapport à la consommation future. Là encore le théorème ne tient plus.