Vaclav KLAUS, Planète bleue en péril vert, IREF, 2009.
Comme l’indique Jacques Garello dans la préface, si vous aimez les romans à l’eau de rose, ne lisez pas ce livre. Par contre, si vous aimez les livres politiquement incorrects, vous n’allez pas être déçu ; ce livre va vous éclairer et en plus vous rendre espoir et optimisme.
Vaclav Klaus est né en 1941, a vécu sous la dictature communiste jusqu’en 1989 et a été élu président de la République tchèque en 2003. Il se singularise dans le monde politique européen par ses idées libérales (il est membre de la Société du Mont Pèlerin), son euroscepticisme (il s’est longtemps opposé à la ratification du Traité de Lisbonne) et sa remise en cause de l’idéologie du réchauffement climatique. Pour lui, le communisme a été remplacé par une nouvelle menace, l’environnementalisme, et la liberté est plus en péril que le climat. L’environnementalisme est devenu un véritable mouvement politique, avec une approche purement idéologique, refusant de voir le monde tel qu’il est, aucun fait ne pouvant jamais faire douter de son bien fondé.
L’approche environnementaliste de la nature est semblable à la vision marxiste de l’économie : il s’agit dans les deux cas de remplacer la spontanéité des individus et la créativité humaine par une planification centrale car les deux approches ne font aucunement confiance à l’individu et sa capacité d’innovation ; il en résulte dans les deux cas une restriction de la liberté et la soumission aux diktats d’une petite minorité éclairée de constructivistes. Seul le slogan a changé : « La Terre d’abord ! » a remplacé « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Le réchauffisme est une véritable religion avec son paradis originel (Gaïa, la Terre sans l’homme pollueur), ses grands prêtres (Nicolas Hulot, Jean-Louis Borloo, Al Gore), son bréviaire (le rapport Stern préparé en 2006 pour Tony Blair), ses grand-messes (les réunions du GIEC, le sommet de Copenhague), ses prêtres (les Verts), ses révélations (tel président se convertissant à l’écologisme), ses prédictions apocalyptiques (montée des eaux, températures extrêmes), ses excommuniés (Claude Allègre) ses tribunaux de l’Inquisition (le Comité danois contre la malhonnêteté scientifique). Les individus en désaccord avec cette religion ne peuvent agir que par cynisme bien entendu, stipendiés éventuellement par le lobby pétrolier.
La base argumentaire de l’environnementalisme étant relativement creuse, elle utilise une méthode assez efficace : faire appel à l’émotion en faisant peur. Ce n’est pas nouveau : le Club de Rome au début des années 1970 avait annoncé de nombreuses catastrophes comme la surpopulation, les pluies acides, la montée du niveau des eaux, l’épuisement des ressources énergétiques, prévisions qui se sont révélées fausses. Aujourd’hui on verra à la télévision un ours épuisé, ne trouvant pas de banc de glace, en train de se noyer pour faire pleurer dans les chaumières. Dans quel but ? Imposer leur vues et notamment le principe de précaution.
Pourtant, si on appliquait la thèse environnementaliste au passé, on devrait en déduire que l’homme a été le coupable de catastrophes écologiques permanentes puisque nous avons transformé le paysage originel en zones cultivées, en irriguant, en évinçant la faune et la flore existante pour les remplacer par des activités agricoles. Vaclav Klaus montre, en bon économiste qu’il est, les erreurs de raisonnement des environnementalistes.
1ère erreur : les environnementalistes considèrent les ressources comme une donnée fixe amenée à disparaître avec le temps ; or les ressources ne sont pas une donnée figée, elles évoluent en fonction d’un prix et de la technologie (donc des savoirs). Le prix décroissant des ressources depuis plusieurs décennies prouve que leur rareté diminue contrairement à ce qu’ils annoncent. Et si leur prix augmentait, cela ne serait pas un drame puisqu’elles seraient davantage économisées et remplacées par d’autres ressources. Les ressources – au sens économique - sont donc inépuisables, à condition de laisser le prix jouer son rôle de signal ; or les mesures prônées par les écologistes (taxes, prix réglementés, interdictions diverses) vont à l’encontre de la liberté des prix. Les pays communistes, comme la Tchécoslovaquie avant 1989, n’étaient-ils pas les pays les champions de la pollution ? A l’inverse ils prévoient un développement exponentiel pour d’autres variables (comme la température ou la pollution) ce qui rendrait inévitable la survenue de catastrophes. Cela ne vous rappelle-t-il pas la démarche d’un certain Malthus il y a environ 200 ans ?
2ème erreur : Ils ne comprennent pas le concept d’actualisation selon lequel 1 dollar aujourd’hui a plus de valeur qu’un dollar dans quelques années. Le taux d’actualisation est le prix du temps ; or comme les environnementalistes parlent du futur à l’horizon de plusieurs siècles, le taux d’actualisation est fondamental. Si on le considère comme nul, on ne peut pas prendre de décisions rationnelles à propos du futur (investir ou épargner). Le rapport Stern considérait un taux d’actualisation presque nul ; Nordhaus, en prenant un taux d’actualisation habituel, aboutit à des résultats totalement différents.
3ème erreur : Ils négligent la notion de cout d’opportunité. Les environnementalistes préfèrent toujours l’énergie géothermique au charbon, au gaz ou au pétrole mais ils oublient qu’il est extrêmement couteux de l’obtenir avec la technologie actuelle, ils passent sous silence les méfaits des centrales hydroélectriques sur les écosystèmes des rivières, ils adorent l’énergie solaire et éolienne mais font mine d’ignorer qu’elles sont très couteuses et mobilisent de grandes surfaces de terres, ils souhaitent interdire les pesticides mais cela accroitrait le cout donc le prix des fruits et légumes, diminuerait leur consommation et augmenterait le risque de cancer. Comme disait Bastiat, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. En voulant à tout prix imposer le principe de précaution, ils évacuent l’analyse couts/bénéfices, pourtant le b.a.ba de toute décision rationnelle.
4ème erreur : Ils prennent des décisions au nom des générations futures qui ne sont pas encore nées et dont par définition ils ne peuvent connaître les besoins et les désirs
5ème erreur : ils ont un cadre de pensée étatique et ne font pas confiance en l’homme et sa liberté L’environnementalisme ne fait aucune place à l’évolution spontanée et à la créativité humaine, considère l’état actuel de la nature comme définitivement donné. Pourtant, les émissions de CO2 par habitant décroissent depuis 1979, bon exemple d’adaptabilité humaine. En revanche, ils souhaitent que les individus remettent leur sort entre les mains d’une élite éclairée guidant la planète, ce que Hayek appelle la présomption fatale.
Sur la brulante question du réchauffement de la planète, Klaus pose 3 questions élémentaires pour remettre les idées en place :
Y a-t-il réchauffement planétaire ? ll n’y a pas de consensus scientifique sur ce sujet. Pourtant c’est l’opinion dominante voire exclusive véhiculée. Comment expliquer ce hiatus ? Les rapports scientifiques sont présentés de manière partiale, les articles sont sélectionnés selon des critères idéologiques et non scientifiques. On a là affaire à un monopole scientifique du au fait que l’Etat est l’acheteur unique (monopsone). Par conséquent, pour recevoir des fonds publics, les laboratoires de recherche doivent orienter leur recherche selon les souhaits des autorités. Lyssenko n’est pas mort ! Les rapports ou appel qui vont dans le sens inverse sont systématiquement ignorés, on est en pleine désinformation. Il a été prouvé que le graphique en forme de crosse de hockey devenu le symbole du 3ème rapport de l’ONU sur le climat (2002) a été établi sur la base de méthodes statistiques erronées. Le rapport a été discrètement supprimé du nouveau rapport climatique de l’ONU pour 2007 et tous les réchauffistes font comme s’il n’avait pas existé. On se croirait dans 1984 d’Orwell où Winston est chargé de faire disparaître certaines traces historiques. Plutôt que de tendance au réchauffement il faudrait parler de cycles avec alternance de phases de réchauffement (entre 950 et 1300 ; Après 1850) et de phases de refroidissement (1300 et 1850).
Si oui, est-il provoqué par l’activité humaine ? Non, elle y apporte une contribution marginale, le réchauffement actuel est un processus naturel entamé bien avant la Révolution industrielle du à la géométrie changeante de l’orbite de la Terre autour du Soleil. De plus le réchauffement semble se produire aussi sur Mars, Jupiter, Saturne et Pluton.
S’il est effectivement provoqué par l’homme, peut-on y faire quelque chose ? Certainement pas en planifiant, régulant, étatisant l’économie comme le veulent les Verts. La solution se trouve du coté de la liberté, pour innover et inventer les technologies futures. « Sans marché, sans prix, sans propriété privée et sans profit, il n’est pas possible d’avoir le moindre respect ni pour l’homme, ni pour la nature » écrit V. Klaus. Il se prononce contre le protocole de Kyoto (projet couteux qui n’apporte rien) et contre les systèmes de quotas d’émission, en cours d’expérimentation dans l’UE, car les prix ne sont pas fixés librement mais manipulés par les autorités publiques.
Pour résumer, la hausse future des températures n’est pas sure. Si elle a lieu, son impact ne sera pas que négatif (les Sibériens seraient sans doute heureux de voir la température légèrement augmenter) et dans tous les cas il sera faible, peut être insignifiant. Et puis les générations seront plus riches et d’un niveau technique plus avancé, donc mieux armées pour solutionner d’éventuels problèmes écologiques. Le temps entraine donc, au-delà d’un certain délai, une amélioration de l’environnement (courbe environnementale de Kuznets). La richesse et le progrès technique ne sont donc pas le problème mais la solution !
Si le livre s’appuie sur de très nombreuses références scientifiques, Klaus reste avant tout un économiste axant sa démarche sur l’individualisme méthodologique et le subjectivisme, n’hésitant pas à citer Fréderic Bastiat, et les autrichiens Ludwig Von Mises et Friedrich Von Hayek.
©Joël Hermet – 15 mai 2010