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L'ECONOMIE EN PREPA HEC
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                   Joël Hermet
Charles Gave, L’Etat est mort, vive l’Etat !
Pourquoi la faillite étatique qui s’annonce est une bonne nouvelle,
François Bourin Editeur, 2010
 
Economiste et financier international, Charles Gave est l'auteur de Des lions menés par des ânes (2003), Un libéral nommé Jésus (2005) C'est une révolte/ Non, Sire, c'est une révolution (2006) et Libéral mais non coupable (2009). Dans ce livre, il nous explique que si la France ne se réforme pas, l’Etat va faire faillite assez rapidement, ou plus exactement va être en cessation de paiement.

En France, la part de l’Etat dans l’économie ne cesse de s’accroitre depuis le début des années 1970, ainsi que le déficit et la dette publique. La France atteint la fin d’un cycle historique, celui de l’Etat providence né après 1945. Notre système n’est pas la social- démocratie à la suédoise, système basé sur le dialogue constant entre parties prenantes pour obtenir la meilleure solution, mais le social-clientélisme, le but de chaque groupe étant de s’accaparer le pouvoir politique afin d’obtenir un maximum d’avantages au détriment des autres. Mais on arrive à la fin de ce système puisque le personnel politique ne pourra bientôt plus emprunter sur les marchés de capitaux. Ce qui est arrivé à la Grèce, au Portugal, va bientôt nous arriver. Comme l’URSS s’est effondrée, le social-clientélisme va s’effondrer, pour les mêmes raisons car dans les deux cas les bastions communistes vont disparaître.

1ère partie : les quatre acteurs de cette histoire : l’entrepreneur, le rentier, le banquier, l’Etat.

L’entrepreneur, celui qui innove et prend des risques, est pour Charles Gave celui qui permet les grandes avancées sociales comme la hausse du niveau de vie ou de l’emploi. La preuve ? Il est rémunéré par le profit ; or il existe une corrélation positive entre le profit et l’emploi, entre le profit et le pouvoir d’achat, contrairement à ce qu’enseigne la vulgate marxiste. Le sens de causalité va des profits vers l’emploi puisque l’augmentation des profits précède de six mois celle du niveau de vie.
En France, le profit est diabolisé en raison de l’héritage marxiste. Or, le profit n’est ni bien ni mal, il est ou il n’est pas.
Le profit entraine la hausse des niveaux de vie en raison d’un phénomène analysé par Schumpeter, la destruction créatrice, que Gave appelle la création destructrice. Dans une économie de libre marché, ce processus peut avoir libre cours car ceux qui sont en voie de destruction ne peuvent bloquer la croissance par le protectionnisme, la taxation, les subventions, la réglementation.
Comme les grosses entreprises n’embauchent plus, les inventeurs se lancent à leur compte. D’où l’apparition des inventions qui seront à l’origine des grandes innovations de la période suivante. Le capitalisme fonctionne parce qu’il permet et même encourage la disparition de ceux qui gaspillent le capital et le travail (= ceux qui perdent de l’argent). La faillite permet au capital et au travail bloqués dans des activités sans avenir de se libérer et d’être utiles à nouveau. En pratique, cela ne se produit pas toujours de cette manière car les industries du passé sont en général bien représentées au niveau politique alors que les industries du futur ne le sont pas.
                Quid de l’évolution récente des profits ? On note une divergence entre les USA et la France : alors qu’aux USA la part des profits connait une tendance haussière depuis 1988, signe sans doute d’une accélération de la destruction créatrice, la France connaît une tendance baissière, en raison du poids élevé de la sphère communiste.

Le rentier est le pendant de l’entrepreneur, c’est quelqu’un qui ne veut pas risquer son capital, il veut récupérer son argent à l’échéance, avec un intérêt. L’entrepreneur est prêt à tout perdre, le rentier accepte une rentabilité faible mais certaine. En France, le rentier a plus gagné que l’entrepreneur depuis 1978, en effet les profits ont suivi à peu près le PNB alors que la rente a augmenté beaucoup plus vite. Ainsi le rentier qui a investi 100 francs en 1978 possède aujourd’hui l’équivalent de 864 francs (s’il n’a pas payé d’impôts) tandis que l’indice des prix est passé de 100 à 326. Si les rentiers se sont autant enrichis, c’est pour Charles Gave à cause de la politique de J.C. Trichet à la BCE.
Or il est absurde que ceux qui n’ont pas pris de risques gagnent plus que ceux qui ont pris des risques. Les entrepreneurs sont incités à ne pas investir ou se transformer en rentiers ou investir hors de France. D’où un chômage élevé. Aux USA ce n’est pas ce qui s’est passé, les profits et la rente ont augmenté parallèlement, avec même un léger avantage pour les profits ce qui est somme toute normal puisque le risque est plus grand.
« M. Trichet (…) apparaitra dans l’Histoire comme le fossoyeur de l’Europe, au même titre que le général Gamelin le fut de l’armée française en 1940 ». p. 52. Pourquoi ? La BCE fixe des taux de la rente supérieur au taux de croissance des profits, les banques cessent de prêter aux entrepreneurs, l’expansion s’arrête. Les banquiers prêtent leur argent à l’Etat dont le déficit et la dette explosent car il n’y a plus de croissance. Ici on peut ne pas être d’accord avec l’analyse de l’auteur, la BCE est laxiste dans sa politique monétaire, certes moins que la FED, mais laxiste tout de même.

L’Etat se cantonnait à ses activités régaliennes jusqu’au 19ème siècle, l’Etat gendarme dominait ce qui amena une forte hausse du niveau de vie au 19ème siècle. Ensuite, sous l’influence du socialisme et de Keynes, le poids de l’Etat ne cessa d’augmenter, celui-ci se mêlant de tout ou presque. Ainsi, dans les pays dits occidentaux, il existe un secteur communiste  soustrait aux prix de marché, soumis à l’affectation des ressources selon des critères politiques et bénéficiant généralement d’un monopole : éducation, santé, transports, administrations. Or de 1980 à 2010 par exemple, le poids relatif du secteur communiste, mesuré par la valeur ajoutée créée, n’a cessé de s’accroitre en France, passant de 35% à 42%, F. Mitterrand y ayant beaucoup contribué. Dans le secteur étatique, le prix tend vers zéro et la demande devient infinie, le secteur doit être rationné autoritairement. Le secteur public est en déficit ce qui fabrique de la dette. C'est-à- dire qu’on fait payer les générations futures, qui n’ont pas le droit de vote, ce qui est profondément anti-démocratique.
On nous dit parfois que l’on vit bien en France. Certes, mais la génération de mai 1968 a dépensé l’épargne accumulée des générations précédentes et a emprunté l’épargne des générations futures, ce qui lui assure un niveau de vie élevé. Mais seule cette génération pourra profiter de cette configuration. On nous sert aussi parfois l’argument que l’Etat intervient pour soutenir m’emploi, mais Charles Gave montre, graphiques à l’appui, que plus la part de l’Etat dans l’économie est forte, plus la croissance est faible et le chômage élevé. En effet, dans le secteur public, le processus de destruction créatrice cher à Schumpeter ne joue pas ou jour beaucoup moins : la création de valeur du secteur public est faible et lors des phases de destruction, le secteur public est épargné.
Tout système communiste s’effondre un jour ou l’autre car le secteur privé n’a plus la force d’entretenir le secteur public. Le modèle étatiste dur s’est effondré avec la chute du mur de Berlin. Le modèle étatiste mou est en traine de s’effondrer maintenant dans les pays sociaux-démocrates.

2ème partie : le trou noir financier

Les Etats peuvent faire faillite, d’ailleurs Rogoff et Reinhart ont montré dans leur récent ouvrage que les faillites étatiques ont été monnaie courante depuis huit siècles, soulignant qu’elles ont de fortes chances de se produire après une crise bancaire et une dette publique supérieure à 100% du PIB. La nouveauté est qu’aujourd’hui ce sont les pays riches qui risquent la faillite. Et qu’au-delà de 80% de dette publique, la croissance ralentit, ce qui rend plus difficile son remboursement. Or la France est à 80%, sans compter les engagements hors bilan, notamment les retraites !
Ce ratio « dette/PIB », que tout le monde scrute, ne veut cependant pas dire grand-chose. En effet il compare un stock (la dette) à un flux (le PIB). Il est plus pertinent de comparer un stock à un stock (par exemple la dette avec la valeur des actifs de l’Etat) ou un flux à un flux (le service de la dette sur le PIB). Comme on ne connaît pas bien la valeur des actifs de l’Etat, on utilise la seconde formule. Le service de la dette/PIB est passé de 3% en 1994 à 1 ,5% en 2010 sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt ce qui n’incite pas les hommes politiques à faire des efforts d’économie.
Alan Greenspan a commis l’erreur de maintenir les taux d’intérêt trop bas dans les années 2000, alors que normalement ils doivent graviter autour du taux de croissance de l’économie (théorie de Wicksell). Cela a favorisé la spéculation immobilière (subprime). Mais en France, c’est la contraire, les taux d’intérêt sont depuis 1983 supérieurs au taux de croissance de l’économie, la dette augmente plus vite que les revenus de l’Etat, et la dette publique explose. Le coupable : l’euro et avant 1999 l’ancrage du franc sur le mark. « M. Trichet est le principal responsable de la crise de la dette dans laquelle s’enfonce la France (…). Il est responsable d’un million de chômeurs en France (…) ».
Phénomène aggravant : l’euro suppose un seul taux d’intérêt alors que les pays ont des taux de croissance différents. Un même taux ne satisfait aucun pays, il peut être trop élevé pour l’Allemagne et trop bas pour l’Espagne, ou l’inverse, créant respectivement des récessions et des booms. En outre, l’euro a permis à des pays de s’endetter beaucoup plus en bénéficiant de taux plus bas, la Grèce pouvait emprunter à 4% contre 10% du temps de la drachme. Si la Grèce ou un autre Etat ne peut pas rembourser, les compagnies d’assurance ayant acheté des obligations souveraines risquent la faillite.

3 signes avant coureurs d’une crise de la dette imminente doivent être surveillés : un déficit primaire durable (avant paiement des intérêts, le pays n’arrive pas à équilibrer ses comptes et doit emprunter pour payer ses dépenses courantes), des refinancements importants en vue (dettes à rembourser et donc de nouveaux emprunts à effectuer), les dettes hors bilan. Quand arrive la crise de la dette, les taux d’intérêt montent de façon exponentielle, et le pays ne peut plus se financer sur les marchés, il doit faire appel au FMI et perd sa souveraineté.
Concernant la France, le différentiel de taux avec l’Allemagne a commencé à s’accroitre dès 2008, lentement mais surement, et le coût des CDS Credit Default Swap s’est accru depuis 2009. Comme la dette publique de la France est gigantesque, une légère hausse des taux d’intérêt aura des effets considérables et engendre une trappe à dette (Keynes) quand le taux d’intérêt est supérieur au taux de croissance de l’économie. Et il est exclu que la croissance puisse repartir fortement vu le poids du secteur communiste. Pour la France, les besoins élevés de refinancement sont à l’horizon 2015-2020. Charles Gave prévoit la panique sur la dette obligataire française en 2013- 2014. Seul moyen d’éviter ce scénario : des réformes.

3ème partie : Faire tomber le mur de Berlin que nous avons dans nos têtes

Quelles sont les issues pour un Etat en cessation de paiement ?
  • L’inflation en imprimant de la monnaie dans laquelle la dette est libellée. Solution préconisée par Keynes pour sortir de la trappe à dette. Possible pour les USA et la GB qui gèrent leur propre monnaie. Impossible pour la France avec l’euro.
  • La dévaluation en faisant baisser le taux de change. Impossible pour la France vis-à-vis des autres pays de la zone euro.
  • Le rééchelonnement : rembourser moins, à un taux d’intérêt plus bas et sur une durée plus longue.

Dans les années 1970, les gouvernements faisaient de l’inflation. Après l’épisode Volcker, ce ne fut plus possible. Privés du levier monétaire, les gouvernements se sont emparés du levier budgétaire pour acheter les voix des électeurs en empruntant de quoi effectuer les transferts. Nous arrivons à la fin de ce processus.
Le cas anglais est éclairant et nous donne la clé du problème. Il y a une corrélation inverse entre le poids du secteur communiste et le taux de croissance. M. Thatcher à réduit le pois de l’Etat et la croissance anglaise est repartie.
En défenseur décomplexé du libéralisme, l’auteur tire à boulets rouges sur la relance keynésienne. Ce type de relance augmente le poids de l’Etat, or on constate empiriquement une  corrélation inverse aussi entre le poids de l’Etat et le cours des actions (appréhendé par le PER ratio cours/bénéfices). Le poids élevé de l’Etat fait baisser le cours des actions car la croissance financée par la dette est fragile. Par conséquent, la valeur des actifs diminue à moyen terme. L’effet richesse négatif entraîne une baisse de la consommation et l’investissement. Pour se protéger de la hausse de la fiscalité, les épargnants achètent des actifs auxquels l’Etat peut difficilement toucher (or, immobilier déjà bâti, tableaux de maître), qui sont des placements improductifs, ce qui affaiblit encore plus la croissance.
« Les politiques keynésiennes garantissent un effondrement de la valeur des actifs dans le temps et sont donc toujours vouées à l’échec. (…). La question demeure : pourquoi continuer ? La réponse est simple : le bue des hommes politiques qui les proposent n’est pas de créer les conditions de la croissance (comme ils essayent de le faire croire), mais de faire en sorte que suffisamment de citoyens dépendent de l’Etat pour assurer leur réélection, en pensant que les gens voteront non pas en fonction des intérêts du pays, mais en fonction de leurs intérêts au sens le plus égoïste du terme ». (p. 156). Selon C. Gave, si la théorie keynésienne n’est d’aucun secours pour promouvoir la croissance, par contre elle est très utile pour prendre le pouvoir et le garder.

L’auteur propose quelques solutions pour éviter la faillite : passer de la démocratie représentative à la démocratie directe, renforcer l’Etat là où il est indispensable (fonctions régaliennes) et le déloger des endroits où il n’a rien à faire, substituer l’impôt proportionnel à l’impôt progressif, mettre plus de responsabilité et  concurrence au cœur du système français, comme par exemple le chèque éducation.
Finalement, ses solutions ne sont pas si éloignées de celles du FMI qui recommande de diminuer la dette et déréglementer, mais elles sont présentées de manière moins ampoulée. Charles Gave n’est pas ultralibéral, il souhaite que le poids de l’Etat n’excède pas 30% du PIB. « Le problème n’est donc pas l’existence de l’Etat, mais son hypertrophie ». Il pense que la création monétaire est un privilège régalien et que l’Etat doit surveiller les banques.

Un site internet met à jour les données statistiques du livre et contient un blog nourri périodiquement des articles de l'auteur : http://lafaillitedeletat.com/


             Joël Hermet © 24/07/2011.